Réenchanter l'action politique par la proximité

Question

Nos démocraties représentatives ont certainement des avantages, mais elles souffrent d'un défaut : en déléguant leurs pouvoirs, les individus pensent qu'ils délèguent du même coup leurs responsabilités. D'où ces fameux "ils" de qui l'on attend tout et à qui l'on attribue tous les maux. "Ils ont pourri la planète", "ils n'ont qu'à baisser les impôts", etc. D'où la "professionnalisation" de la politique également.

J'ai le sentiment qu'une bonne partie de nos problèmes - notamment les tsunamis qui frappent à la porte - s'ancrent dans cette déresponsabilisation des citoyens. Pour la plupart des gens, être citoyen signifie au mieux mettre un bulletin dans l'urne, au pire haïr ceux qui ont été désignés pour assumer.

De mon côté, je pense que je suis responsable de toute l'humanité, J'ai peut-être trop lu Camus, mais ma liberté extrême a pour moi cette contrepartie que ma responsabilité n'a pas de limites.

J'ai évidemment conscience également que mes possibilités d'actions sur les famines récurrentes au Sud-Soudan ou sur la politique nucléaire de la Corée du nord sont restreintes. Mon rayon d'action est local, comme pour la plupart d'entre nous.

Et c'est là qu'on peut réinventer la démocratie,, avec ou sans les politiques. S'ils mettent en place des instances participatives, il faut en être, ne serait-ce que pour en bousculer les limites. S'il n'y en a pas, osons les créer à côté des collectivités, histoire de faire bouger ces dernières.

L'idée est de court-circuiter les institutions - décision et financement, s'il le faut - pour faire avancer des projets concrets, locaux, ancrés dans le réel quotidien. Si on est suffisamment nombreux à le faire au niveau d'un quartier, d'une commune, d'une agglo, on pourra jouer sur le Département, la Région, le pays, l'Europe, le monde.Parce qu'on prendrait alors nos responsabilités en main. Qu'en pensez-vous?

Answer 1

J'aime bien l'idée, et je pense que le meilleur exemple actuel est celui de la Suisse avec sa grande quantité de votations cantonales, et les systèmes anglosaxons avec leurs 'submission requests' (cf par exemple http://shapeauckland.co.nz). Pour moi, il est important que la démocratie participative ne soit pas juste un gadget mais une part importante de la démocratie locale, régionale et nationale. Il faudrait simplement trouver une façon appropriée de la mettre en jeu en parallèle des systèmes de décision sans que l'un prenne complètement le pas sur l'autre.

Answer 2

Globalement d'accord, mais j'insisterai sur l'importance de l'action au niveau local. Au niveau européen ou national, on peut vite se laisser griser parcequ'on est quelques milliers, centaines de milliers, voire millions, mais ça ne représentera pour autant qu'une minorité (avec un biais de sélection en faveur des classes "favorisées".

Alors que réussir à mobiliser une centaine de personnes dans un quartier, un village ou une petite ville, ça peut beaucoup plus rapidement changer le quotidien et devenir un mouvement "trans", ce qui un des objectifs des crapauds que je partage.

Dès lors, pourquoi pas une sorte de plateforme programmatique (ou des outils) pour les élections municipales de 2020. Il existe des initiatives de ce type comme https://sosmaires.org/

Answer 3

Top , j'adore. On a eu un peu près la même idée sur le channel #cercle-democratie.

Pour résumer c'est de créer un gouvernement et un parlement parallele .

voir https://idees.crapaud-fou.org/542/creation-dun-parlement-parallele

Answer 4

Idée intéressante.

Souvenons nous de la période de 1788 à 1789 préparant les Etats Généraux, les élections des représentants locaux, la rédaction des cahiers de doléances, l'élection des députés aux Etats Généraux (comme les sénateurs actuellement, ils étaient élus par d'autres élus d'un rang inférieur). L'objectif était de régler le problème de l'endettement de la monarchie française. La monarchie absolue est devenue une monarchie constitutionnelle, les privilèges furent abolis, et puis ...

Réenchanter la politique par la proximité.

- Inciter les citoyens à reprendre le pouvoir.
  - Obligation de voter.
  - Définir qui est électeur.
  - Référendum d'initiative citoyenne.
  - etc...

- Contrôler les délégations de pouvoirs accordées aux élus.
  - Mandat impératif, retour fréquent devant le souverain (le peuple assemblé) pour obtenir un nouveau mandat.
  - Nombre de mandats, cumuls de mandats, durée des mandats.
  - Faire établir et voter les législations de contrôle des élus par le souverain et non par les élus.
  - etc...

- Rendre le pouvoir aux élus.
  - Mettre fin aux pyramides de pouvoirs. Par pyramides j'entends les délégations en cascades : la commune, la communauté de commune. Les représentants élus de chaque niveau sont élus par le souverain.
  - Mettre fin aux compétences éclatées entre différents niveau de pouvoir.
  - Obliger les élus à respecter les choix du souverain ou à se démettre.
  - Etc...

Il faut refaire une constitution.

Comments

Je suis monarchiste si et seulement si je suis le roi. Sinon mort au tyran. Ce point d'humour soldé, l'obligation de voter.
Que veux t-on faire ? Intéresser les citoyens  à la politique comme acteurs et non comme spectateurs. Comme la bouteille d'Orangina, il faut secouer pour décoller la pulpe du fond. Avant le référendum de 2005 pour le traité constitutionnel européen, le public s'était saisi du texte et en parlait. Le texte était particulièrement indigeste, mais il n'a pas découragé 69 % du corps électoral de glisser un bulletin dans l'urne. Nous votions à propos d'un document en papier de plusieurs dizaines de pages écrites en petits caractères. Rien à voir avec les histrions télévisuels qui depuis se présentent aux élections. Il ne faut pas se décourager.
Oui obliger le citoyen à voter c'est l'amener à s'intéresser à la chose publique, au bien commun. Littéralement la république, la res publica c'est la chose publique, le bien commun, le bout de rue, d'école etc... qui est un peu à moi aussi, et dont la gestion m'incombe en partie. Par analogie avec les copropriété combien sont nombreux les copropriétaires qui regrettent les décisions du syndic de copropriété. Mais si peut de copropriétaires sont présents ou représentés lors de l'assemblée générale. Cette assemblée générale qui trouve difficilement des majorités est le seul organe décisionnaire. L'électeur pourra toujours glisser une enveloppe vide. Mais dans l'isoloir il se posera la question de sa responsabilité dans le résultat qui sortira de l'urne. Résultat qui s'imposera à lui. Ne pas exercer son droit de vote c'est être un mineur (au sens juridique, il n'est pas question là de descendre piocher du charbon). Le mineur a des droits mais il ne peut les exercer que par l'intermédiaire d'un  tiers son tuteur. Peut on demeurer un mineur toute sa vie ? L'abstentionniste réfugié sur son Aventin, croit avoir les mains propres. L'abstentionniste a les mains aussi sales que les électeurs qui ont mis en place une dictature. Il a eu une possibilité de repousser la dictature et lâchement il a fuit. L'abstentionniste devrait être sanctionné pas seulement pénalement, mais aussi mis en tutelle. L'électeur ne vote pas uniquement pour lui, il représente aussi tous les mineurs et toutes les personnes qui sont hors du corps électoral, et soumises à la législation de son pays.