Pourrions nous accomplir ensemble le service public, de manière à tous y participer (à degrés divers) ?
Voici un essai de modèle de société réinventant à la fois son modèle du travail, l’ensemble du service public et le vivre-ensemble, pas moins que ça. Une part de son modèle économique également.
(Ah oui ! Cela pourrait aussi régler le « problème » des retraites, ainsi que celui du chômage)
Dans cet essai, je parle de service public sans estimer si ce doit toujours être l’État, ou des services coopératifs ou territoriaux.
Des cellules gérant les communs en relative autonomie, localement, et connectées en réseaux décentralisés me semblent mieux adaptées que l’État-systématique, il faudrait l’alléger de tout ce qui le plombe actuellement.
L’idée principale est que le service public soit universel.
Nous y consacrerions tous 2 jours par semaine.
Certains, pour les fonctions qui demanderaient l’encadrement nécessaire ou plus de connaissances par intégration d’expérience continue, continueraient de réaliser un plein temps.
Les autres seraient alors libres du temps leur restant de la semaine, que ce soit pour une autre activité rémunératrice (secteur privé) ou non.
Ces deux jours travaillés ouvriraient un revenu universel, idéalement élevé (dans ce modèle on plafonne les hauts salaires, ça va de soi). Par cela, j'entends que la production de valeur du travail effectué permet de justifier plus facilement ce RU, au lieu de compter sur les seules taxations de la finance pour le financer.
Compter sur la finance pour réaliser le RU serait selon moi incompatible avec la nécessaire décroissance.
Maths :
Si les salariés du privés et les chômeurs, du jour au lendemain, basculaient dans ce système, cela représenterait 7,65 millions d’équivalents temps-plein (si on ramène ces 2 jours travaillés par 19,14 millions de salariés du privé et chômeurs sur 5 jours).
Mais si l’on adoptait ce système, une grande majorité des employés du secteur public basculeraient sur deux jours.
Des 5,95 millions de salariés actuellement du service public, il resterait peut-être environ 3 millions d’équivalents temps plein (grossièrement estimé 1 millions qui resteraient à temps plein et 4 millions passeraient à deux jours).
Soit 10,65 équivalents temps plein pour le service public, et donc presque deux fois la capacité de travail du service public actuel.
A presque doubler la capacité de fourniture de travail du service public, cela permet d’imaginer de nombreuses missions supplémentaires, et d’envisager d’y intégrer :
- la dépendance des personnes âgées (Ehpads notamment),
- une part (pourquoi pas toute ?) l’agriculture, des bras pour développer la permaculture,
- une part de la médecine de ville, de quoi doter les maisons de santé par exemple,
- une multitude de missions actuelles de bénévolat, du coup valorisées comme travail ouvrant salaire,
- … la liste est longue de ce que nous pourrions considérer devenir de service public.
Certains services actuels pourraient aussi considérer de « dédramatiser » une partie de leurs fonctions pour intégrer ces nouveaux emplois ‘deux jours’.
Je pense notamment à :
- l’éducation nationale, dont les programmes pourraient fortement s’alléger, et ne garder qu’en partie leur formule « académique » actuelle, et passer le reste du temps avec des encadrants peut-être moins qualifiés, mais permettant de développer des enseignements plus concrets ou autour des outils numériques, en renforçant même encore l’importance de l’école comme lieu d’apprentissage de la vie ensemble.
- la santé, en considérant les soins légers ou routiniers dans des environnements moins sanctuarisés, …
Je pense que trois jours par semaine pour les plus motivés à travailler à plein temps est suffisant pour assurer ce qui est plus futile, d’autant plus que l’avènement des IAs présage de jusqu’à 50% de casse d’emplois à moyen terme.
Et imaginons ce que produirait l’énergie créative et bienveillante de tout ceux qui choisiraient de mettre ce temps à profit pour ce qui leur semblerait faire du sens …
Ce service public universel nous mélangerait, nous rassemblerait, nous réapprendrait à vivre ensemble, en portant ensemble les services nécessaires à notre société.
Cela aiderait à lutter contre les inégalités et la peur de l’autre.
Cela nous obligerait à écouter les autres, à ne pas rester dans ses bulle et catégorie sociales.
Ah oui ! Les retraites … un très grand nombre de ces nouveaux postes seraient parfaitement adaptés pour les ainés qui souhaiteraient travailler plus longtemps ; je pense spécialement à tout ce bénévolat déjà réalisé par certains. Cela rendrait possible le choix de s’arrêter quand on veut, libres d’estimer la place que l’on souhaite et peut garder dans la vie active, puisque des emplois à rythmes et pénibilités adaptés existeraient.
Un consensus pour l’âge minimum de départ à la retraite serait plus facile à établir si l’on peut adapter le travail aux phases de vie.
Ainsi, les ainés percevraient ce revenu universel également à la retraite, peut-être moindre s’ils rejoignent un Ehpad, qui serait dès lors gratuit.
Les jeunes pourraient toucher cette somme dès 18 ans, et choisir entre débuter de suite à travailler ces deux jours par semaine, ou se consacrer à des études à temps plein, ou même combiner les deux et profiter de se former via plusieurs expériences de postes de service public.
Bien sur, tout cela serait également à repenser :
- la monnaie, comment la créer, ses flux, la fiscalité,
- le vote, la participation plus large à la démocratie,
- la mise en réseau décentralisée de :
- l’identité nationale de chacun, pour fonctions coopératives et protéger ses données personnelles notamment,
- les organes et structures, pour ces mêmes fonctions coopératives et leur propre mise en réseau,
- les informations et leur transparence, les rétrocontrôles, audits et garde-fous …
Et pour tout cela, des outils informatiques vertueux et open source sont déjà disponibles !
Vous avez peut-être entendu parler des Blockchains (sinon > google), mais de nouveaux réseaux beaucoup mieux adaptés apparaissent déjà, comme « Holochain ».
Ils répondent notamment aux problèmes de consommation énergétique (bitcoin) ou de scalabilité (capacité de montée en charge).
Mais trop long à développer ici, et une petite armée de passionnés indépendants y travaille déjà.
Curieux de lire vos sentiments sur cette idée, ce qu’elle vous inspirerait qui m’échappe, comment vous pourriez l’enrichir des vôtres.
Epilogue :
Quand j’essaie d’imaginer les différents scénarios qui s’ouvrent à nous, ce que nous allons devoir affronter comme challenges et épreuves, ce changement de braquet me semble pas si difficile à réaliser, et permettrait une transformation par dégraissage en douceur des états, plutôt que de les laisser glisser au profit du néo-libéralisme ou du chaos, et de réaliser une véritable transition vers un nouveau modèle enfin vraiment décentralisé.