Dans notre système, nous avons deux catégories d’élèves :
1. L’élève pas encore autonome ;
2. L’élève autonome.
Et l’âge ? Quel âge ! L’âge n’est pas un facteur. Si l’élève est si rapide qu’il a le Bac à dix ans, tant mieux. S’il est agriculteur et qu’il dirige une ferme bio à 11 ans, parfait, on a un génie. Vous voyez, peut-être qu’il ne sait pas encore bien lire parce qu’il a une difficulté avec la grammaire française, mais il a acquis les autres savoirs indispensables à la conduite d’une ferme parce que c’est sa passion. En parallèle, il continue à prendre des cours de français pour se perfectionner dès qu’il a un trou dans ses horaires déjà chargés.
Mais il travaille ! Quelle horreur ! Il n’a pas 16 ans, c’est interdit. Non, dans notre système ce n’est pas interdit. Pourquoi ? Parce que si un môme a une passion, on le laisse filer vent en poupe, toutes voiles dehors et avec le spi en sus. On l’accompagne simplement là où il a des difficultés et on l’encourage. Il est responsable, on peut lui faire confiance, il sait travailler en équipe et il le démontre, son savoir-faire est au point, il roule pied au plancher. Il est autonome pour tout ce qui touche à la ferme bio. Il démontre sa compétence.
Certains diraient que cela pourrait humilier d’autres élèves plus lents. Mais non. Observons la vie, c’est exactement comme ça. Ce qui compte c’est la réussite de chacun, et en particulier de chaque élève.
Qu’est-ce qu’un élève qui réussit ? Définissons cela précisément. Un élève qui réussit est un élève a) qui comprend quelque chose et b) qui réussit à acquérir un savoir-faire. Il vient d’apprendre sa table de multiplication de 2. Il sait multiplier par 2 les nombres de 1 à 50 et il le fait rapidement, c'est parfait. Il réussit cette étape de sa progression. On ne le compare à personne d’autre. Il n’a pas de notes. Pas besoin. Soit il sait, soit il ne sait pas ou ne sait pas assez bien. Il travaille plus jusqu’à ce qu’il sache bien. Pas de premier ni de dernier de la classe, mais des élèves qui sont fiers de ce qu’ils ont appris ; et des parents d’élèves qui sont fiers de leurs enfants.
Il faut casser la vieille mauvaise habitude de comparer les gens. On peut comparer le travail réalisé dans un concours et on peut admirer celui qui travaille particulièrement bien, mais pourquoi comparer les gens et surtout des élèves ou des enfants ? Dans nos classes, nous développons l’entraide et l’esprit d’équipe, au diable la compétition. Nous voulons des citoyens, des citoyens de la Terre et de la Nature pas des compétiteurs sans foi ni loi.
C’est un exemple d’élève autonome.
Celui qui n’est pas autonome a besoin d’aide. On se concentre sur lui et on le rend autonome, matière par matière. On le rend également autonome quant à sa conduite vis-à-vis des autres. S'il ne peut s’empêcher de perturber la classe ou pire, de perturber d’autres élèves, il n’est pas autonome, même s’il est bon dans les études. Quelqu’un qui détruit la réputation d’un autre élève sur les réseaux sociaux n’est pas un esprit autonome. Il doit encore apprendre à discipliner ses intentions de nuire, réfréner ses impulsions, apprendre à parler poliment, travailler la courtoisie et autres belles valeurs humaines. Cela s’apprend et il y aura des cours théoriques et pratiques sur ces sujets : on comprend le comment et le pourquoi ; on travaille le savoir-faire étape par étape jusqu’à ce qu’on puisse le faire.
Il existe même des cours de savoir-vivre. C’est loin d’être ridicule. Celui qui acquiert une maîtrise de ces techniques de relations humaines aura beaucoup plus de chances de s’en sortir dans la vie que celui qui ne sait pas comment s’y prendre.
Ce n’est pas de la morale stérile, mais une observation de ce qui fonctionne dans la vie, la vraie, celle de tous les jours.
Un serveur de restaurant qui n’est pas aimable avec les clients, qui ne sait pas se comporter, qui est hypocrite (faux sourires, n’aime pas servir, n’aime pas les clients), peut faire fuir une clientèle. Ce sujet des bonnes manières, du savoir-vivre et de la sincérité est vraiment important dans tout ce qui touche aux relations humaines. Cela concerne tous les métiers. Mais pour ce qui est de l’école, il s’agit d’autodiscipline. On ne perturbe simplement pas la classe, les profs, un autre élève, on ne le fait pas.
Quand on peut se conduire comme un être civilisé, qu’on peut suivre une logique de cours, comprendre, acquérir un savoir-faire parfaitement, revenir sur un cours ou une étape précédente quand on n’y arrive plus, quand on peut persévérer, demander de l’aide si nécessaire, aider un autre élève ou réclamer de l’aide pour cet élève, quand on est digne de confiance et responsable, alors on est autonome.