Je pense à un collectif de personnes, pas forcément des artistes, mais se retrouvant autour d’un projet de nature artistique ou plus largement culturel. Ce projet sera d’abord un laboratoire de nouvelles façons de travailler ensemble. Un genre de FabLab artistique.
J'apporte mon chapiteau, mes compétences techniques et d'organisation, mes capacités artistiques.
Et toi, comment voudrais-tu très concrètement t’approprier ce projet ?
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Il y a quelques mois j’ai acheté et mis en circuit via ma compagnie de spectacles un vraiment très joli chapiteau autoporté : LeChapiteau.net
Mon idée, qui ne rentrait pas dans un quelconque business-plan, était de le mettre dans un réseau de mutualisation des compétences et des outils, artistiques et techniques.
Un peu comme savent le faire entre eux les circassiens, même si c’est un milieu très exclusif -de plus mon chapiteau n’est pas un “chapiteau de cirque”-.
En un mot de le hacker.
Prendre ses désirs pour la réalité oblige à être très réaliste, surtout en milieu rural et surtout dans le Sud-Est (Nîmes et sa région). Pour faire court, je me suis retrouvé un peu perplexe.
La question était peut-être mal formulée, au mauvais moment, au mauvais endroit, par la mauvaise personne, l’équation peut-être mal posée ? Mais j’ai fait avec ce que j’avais, ce que je trouvais.
Cependant, c’est quand-même un paradoxe, alors que je prenais des risques insensés (pour ma liberté, pour ma santé, pour ma vie) j’ai commencé à m’ennuyer autant qu’un crapaud sans princesse.
Et cette saison 2018 je n’ai pas monté le chapiteau, on verra.
Tant mieux, cela m’oblige à penser les choses autrement -du haut de mon RSA-.
Je viens donc ici pour ouvrir cette fenêtre, voir si j’y rencontre d’autres fêlés complémentaires. Autour de Nîmes, ailleurs, quelque part.
Pas du tout forcément des “cultureux”, oh non. Ce que j’aime c’est qu’on me dérange et que ça avance.
Avec le chapiteau et mes outils techniques du quotidien, j’apporte mes affinités, compétences et expériences artistiques et humaines.
Ce que j’ai.
Vous pareil.
On discute.
On observe ce qui se passe.
Et voilà !
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Pour me présenter : je suis un artiste qui cherche depuis toujours le lien entre image (aujourd'hui vidéo, arts numériques, outils connectés) et spectacle vivant.
Au sein du marécage artistique -où l’on ne trouve pas que des crapauds-, j’observe que nos compétences sont de plus en plus en forme de couteau suisse et l’habileté est celle de bien choisir, hiérarchiser et entretenir ses lames. Je dois savoir tout faire : monter un chapiteau, rédiger un contrat, un peu de comptabilité, de menuiserie, de scénographie, d’électronique, une dizaine de softs de traitement d’images, un peu de son, de la communication, de la veille technologique … tout en essayant de tenir le cap d’un projet artistique exigeant et sincère. Je m’en réjouis parce qu’on nous avait promis l’ère définitive et globale de l’hyper-spécialisation et du produit artistique unique à fabriquer et à mettre sur le marché alors que j’observe des choses qui me renvoient au contraire à l’humanisme de la Renaissance ou à l’encyclopédisme des Lumières.
Une proposition citoyenne de réseau technique et humain telle qu’un Fablab, c’est déjà un exemple de base concrète minimum, accessible, indispensable.
Très concrètement, j’y recherche d’abord pour mes projets actuels les appuis techniques indispensables à des compétences (programmation, électronique … ) qui ne sont pas forcément celles de mon coeur d’activité (vidéo, arts de l’image), dans une idée de réciprocité.
Je me dis aussi que tout cela ce sont des rencontres et qu’aussi bien c’est avec ce réseau d’affinités culturelles que je pourrais garder l’esprit ouvert et monter mes projets de demain.
Les personnes que j’espère y découvrir ne se définissent pas forcément parce qu’elles viennent du milieu convenu de la “Culture” mais par ce qu’elles cherchent et leur façon de marcher pour y aller …
Je pense que simultanément on doit pouvoir voir plus large.
Les circuits horizontaux sont des remises en cause que, dans un contexte de repli général sur soi, les acteurs culturels, artistiques, ont quand-même souvent du mal à envisager.
La démarche du hacking peut se révéler très pertinente pour ceux qui savent que leur mission n’est pas de fabriquer et de vendre des produits culturels mais est de médiation, de synthèse et de transformation sociétale, qu’on attend justement d’eux d’être particulièrement inventifs pour inventer les nouveaux rapports sociaux.